Olivier Bello
Arsenal Modelist



 

Compagnie des Indes

 

Le Boullongne (46)

 

Flûte de 600 tx. (1759-1761)

 

Olivier Bello

 

 

L'élaboration du fronteau du gaillard d'arrière se fera de la même manière que pour les deux éléments du gaillard d'avant qui encadrent la cloche. Il faut donc commencer par mettre en forme les arabesques, sous forme d'une frise, qui donneront son charme à l'ensemble.

 


Dans une planchette, on délimite ensuite les espaces dans lesquels viendront se loger les différentes pièces sculptées. Il faut bien entendu tenir compte de la hauteur de la frise, mais également du plan arrondi du plancher qui suit la courbure du bau.

 


Une fois ce travail réalisé, on peut supprimer la partie supérieure des espaces pour vérifier que les formes s'y intègrent parfaitement et commencer à former la partie haute des piliers du fronteau sur lesquels viendront s'encastrer la planchette qui donnera sa hauteur définitive au fronteau.

 


On peut remarquer que la pièce centrale présente un espacement entre les motifs plus important que pour les parties latérales.

Des points de colle très légers permettent de solidariser cet ensemble et une vue du tout laisse présager du résultat final lorsque le ponçage en épaisseur aura fait son oeuvre.

 


 

Quand on a vérifié que l'assemblage présente une courbure qui épouse parfaitement celle du plancher du gaillard, on s'attelle à la fabrication des six chandeliers qui recevront une planchette dans leur échancrure supérieure. Toutes ces pièces sont constituées d'un assemblage de nombreuses parties soudées à l'argent.

 


 

On peut donc maintenant installer les deux premiers chandeliers pour façonner la planchette qui les coiffera, à la suite de quoi on dispose les quatre chandeliers restant.

 



On remarquera que les chandeliers sont situés en retrait par rapport au fronteau muni de sa frise.

 


Enfin, je tiens à préciser que sur les plans du 74 canons, la frise est représentée plaquée en une seule partie sur la face antérieure des piliers. D'autre part, l'extrémité des virures du plancher du gaillard d'arrière doit être protégée. Dans cette perspective, je poserai donc plus tard une baguette moulurée qui correspondra à la courbure du bau.

 


Occupons-nous maintenant de la préparation des porte-haubans qui vont venir garnir la muraille du Boullongne.

Chacun d'eux est consitué de trois larges et épaisses planches assemblées entre elles par des adents. Une moulure est visible pour limiter la largeur de l'assemblage à l'avant et à l'arrière de la pièce. Il en sera de même pour la tranche externe, une fois que les ferrures des caps de mouton auront été installées. On pratique donc des entailles pour loger ces pièces, elles sont de taille différente, selon qu'il s'agit de haubans ou de galhaubans. De plus, des crampes métalliques ou une cheville sont fichées dans la face supérieure des porte-haubans pour l'amarrage de manoeuvres.

La consolidation est assurée grâce à des équerres en métal clouées en-dessous et contre la muraille du vaisseau, au nombre de deux pour l'artimon et de trois pour le grand-mât et la misaine. Sur la face supérieure, on mettra en place des courbes en bois moulurées pour équilibrer l'effort des équerres.

 



 


Les chaînes de porte-haubans sont en métal, faites de trois ou quatre éléments, selon qu'il s'agisse de l'artimon ou des autres mâts, ainsi que des haubans ou des galhaubans. Le diamètre des fers varie en fonction de chacun des mâts.

 


Lors de la formation des chaînes, on peut vérifier la régularité des pièces et leur bonne implantation dans les échancrures des porte-haubans.

 



 


Quand on a teint et passé au vernis les chaînes, on introduit les caps de mouton, eux aussi prélablement vernis, on les met en place dans les échancrures, et des clous assurent la fixation sur la muraille du Boullongne.

 


Tous ces travaux s'achèvent avec la pose des listeaux longitudinaux qui masquent les échancrures accueillant les caps de mouton. Ils sont chevillés sur les porte-haubans.

 



 

Il reste encore quelques éléments de décoration à terminer, comme par exemple le cul de lampe situé sous la petite sole de la bouteille. Il est théoriquement en peuplier, garni de feuilles et d'une coquille en position basse, cependant que sa surface est marquée par des croix disposées en quinconce.

 


Une fois verni et mis en place, on apprécie mieux la silouhette de la bouteille du navire, tout en pouvant apercevoir l'officier qui est sur son siège d'aisance.

 


Sur leur face arrière, les cul de lampe sont garnis d'un cadre en bois qui entoure des cerclages de même matière et de taille différente. On note aussi l'aboutissement du conduit garni en plomb pour l'évacuation des latrines: ce sont les chausses.

 


Au niveau des sabords de poupe, il reste à les garnir de chevilles, avec rondelle et goupille, qui correspondent à l'amarrage des bragues.

 


Autre élément qui est encore absent sur la muraille du Boullongne, il s'agit de l'échelle de bord, faite de taquets moulurés et ajourés contre le bordage afin d'empêcher la stagnation de l'eau sur leur face supérieure. Ils sont enserrés entre deux grands montants qui épousent les différences de niveau dues aux préceintes et au moulures des oeuvres mortes. Les taquets qui font office de marches sont au nombre de neuf.

 


Pour terminer ce propos, on va constituer le grand bouquet de feuilles d'acanthe qui forme l'aboutissement du boudin, placé entre les deux herpes de la proue, cette terminaison se situant plaquée sur la muraille en arrière du bossoir.

Si la plupart des modélistes forment cet ensemble en une seule pièce sculptée, j'ai préféré procéder par ajout d'éléments successifs pour obtenir un meilleur effet de relief et une plus grande variété des formes.

 



 

Après avoir creusé la section supérieure du boudin, on enfonce l'ensemble des feuilles dans l'orifice.

 


L'ajustement entre les deux parties se fera plus tard, lors des dernières finitions de présentation du modèle.

Désormais, le nombre de chevilles s'élève à 52 760, et celui des pièces à 31 722!

Notre vaisseau se dirige à présent vers un changement radical de dimension, puisque l'on va constituer les trois bas-mâts et le beaupré, afin de pouvoir commencer les travaux de corderie et de pouliage, ce qui représente encore beaucoup de manutention à venir...

 

Olivier Bello.