Compagnie des Indes

 

Le Boullongne (41)

 

Flûte de 600 tx. (1759-1761)

 

Olivier Bello

 

La suite de nos travaux va commencer par la fabrication et la pose des fenêtres du tableau de poupe. Elles sont au nombre de sept, les deux plus extérieures étant factices. On va ainsi faire des gabarits pour chacune d'entre elles, avec deux planchettes pour les entourer, ces dernières respectant la courbure de leur alignement. On notera que les gabarits correspondent à l'espace compris entre les éléments du cadre des fenêtres.

 

En reportant le contour des formes sur des planchettes qui ont une taille largement supérieure à celle des futures fenêtres, pour éviter tout éclatement du bois quand on ajustera la largeur des cadres. A l'exception des fausses fenêtres, il faut faire chacune des pièces en double, pour pouvoir insérer entre elles le vitrage (j'y ai d'ailleurs pensé après avoir fait tout en double). Je conseille par ailleurs de na pas se servir de planches trop fines qui se révéleraient trop fragiles à manipuler.

Sur l'un des éléments d'une fenêtre, on met alors en place le vitrage qui est bordé par un fin placage de bois, et on colle le second élément pour obtenir une pièce dont il suffit de poncer doucement les bords. Avant cette dernière opération, on aura réalisé le chevillage correspondant aux traverses qui peuvent maintenant être posées. Il ne reste plus qu'à ramener les pièces à leur bonne épaisseur.

 

 

Profitant de ce travail en forme de mise en jambes, j'ai également constitué de la même manière les six fenêtres des bouteilles, sachant que deux seulement sont réelles et que les quatre autres sont fausses. Voici donc un ensemble de treize cadres qui ont occupé quelques heures d'un travail minutieux, mais dont le résultat vaut le coup d'oeil.

 

On peut ensuite combler les espaces entre les montants du tableau en fonction de la forme des cinq fenêtres centrales.

 

Ceci étant fait, on va délimiter la forme générale du château du Boullongne en installant un assemblage de cinq pièces fait du cintre qui relie entre elles les parties verticales dénommées termes qui donnent la largeur des bouteilles, par le biais de deux pièces intermédiaires. La réunion de ces cinq éléments est particulièrement délicate, car le résultat final doit respecter la pente du gaillard d'arrière et évoluer vers le contour extérieur des bouteilles, d'oû une évolution du plan de la pièce.

 

On procède ensuite à la réunion des extrémités inférieures des termes avec une forte plate-bande moulurée qui donne sa limite à la voûte d'arcasse.

 

 

Une seconde moulure, plus fine, sera placée au niveau de la base des cadres des fenêtres, ce qui permet de combler avec des planchettes l'intervalle situé entre ces deux moulures. Puis, en tenant compte de la place des montants du tableau, on poursuit la pose du bordage qui remonte jusqu'au cintre, avec bien sûr le chevillage et le calfatage adéquats.

 

Il est temps de donner leur juste forme aux cadres des fenêtres et de représenter les croix décoratives qui seront situées de chaque côté des fausses fenêtres (réalises par pression avec un gabarit en forme de X), en prévoyant l'emplacement des futures sculptures décoratives. De plus, une mise en place provisoire des cadres permet de vérifier leur ajustement respectif.

 

 

Pour continuer la formation du tableau arrière, on forme les huit décorations des piliers qui encadrent les fenêtres. Ils sont faits chacun d'un pourtour en relief et d'un placage central, tous ces éléments étant collés sur un socle. Le tout, une fois fini, devra avoir une épaisseur assez faible qui correspond à celle de la moulure qui sera située au-dessus des ouvertures.

 

Après avoir poncé la face apparente de ces décors, leur collage permet la pose des fenêtres factices qui sont simplement plaquées et collées contre le bordage du tableau. D'autre part, on en profite pour affiner par ponçage la face supérieure du cintre et des termes. L'effet esthétique s'en trouve ainsi considérablement amélioré.

 

 

La mise en forme de la moulure transversale située au-dessus des cadres demande pas mal de patience... Il faut en effet partir d'une planche de fine épaisseur dont la face inférieure suit exactement les arrondis des fenêtres, avant de coller par dessus une seconde pièce de forme équivalente, mais légèrement en retrait dans toutes ses dimensions par rapport à la première, avec en plus une section en demi-rond. La photo suivante montre le résultat final obtenu, car, avant d'y parvenir, la face supérieure de l'ensemble était largement plus grande, pour ne pas riquer de brisure de cet ensemble particulièrement fragile. La scie à chantourner et le ponçage ont fait le reste!

 

Lors du collage, on prévoit l'espace latéral nécessaire aux feuilles d'acanthe qui recouvriront les termes.

 

 

Une dernière opération consiste à coller les cadres des fenêtres en position définitive, en variant celles qui sont complètement ou à moitié ouvertes, voire fermées, pour agrémenter la présentation du modèle, en se rappelant que cette partie du vaisseau sera particulièrement visible.

 

La prochaine étape consistera à développer la formation du volume occupé par les bouteilles, et à réaliser les nombreuses pièces sculptées décoratives qui donneront tout son charme au tableau arrière du Boullongne.

C'est volontairement que je ne cite pas pour l'instant les chiffres habituels, car je préfère attendre que l'ensemble de cette réalisation soit achevé pour faire le point. Pour une fois...

 

Olivier Bello.