Olivier Bello
Modéliste d'arsenal


Quelques bases essentielles

Aujourd'hui, nous retenons le plus souvent le mot de Chébec pour cette famille de vaisseaux dont fait partie le Requin, mais dans les années 1750, le terme de Schabeck était plus couramment employé. L'année 1748 marque la fin des galères et c'est en 1749 que le commandant de la Marine de Toulon propose au Secrétariat d'état à la Marine de se munir de Chébecs. Ces bâtiments étant la spécialité des chantiers de Majorque, la Cour d'Espagne donne son accord pour que le Consul de France puisse choisir deux constructeurs et quatre charpentiers qui arriveront à Toulon le 3 juillet 1750. Après concertation avec l'Intendant et le Commandant de la Marine, c'est à la fin de ce même mois que la mise en oeuvre de deux bâtiments de 24 canons est commencée, le Requin et l'Indiscret. Ils seront lancés respectivement le 14 mars et le 24 mars 1751.

Parallèlement, deux autres vaisseaux de 18 canons sont mis en chantier à la fin d'août 1750, le Rusé et le Serpent, qui seront mis à l'eau en juin 1751. Leur travail étant terminé, les gens de Majorque reçoivent le 30 juillet l'ordre de quitter Toulon pour rejoindre leur pays par un embarquement à Marseille : ils y arriveront à la fin de septembre.

Le Requin sera condamné en 1770 et l'Indiscret deviendra espagnol en 1761 ; les deux autres Chébecs seront rayés des listes en 1775.

La construction de quatre autres navires de vingt canons sera entamée en 1762 : le Caméléon, le Singe, le Renard et le Séduisant ; ils achèveront tous leur carrière en 1779.

Ce navire comporte trois mâts dits à pible car chacun d'eux forme un tout continu et ne possède pas de hune. L'arbre de trinquet est fortement incliné vers l'avant, l'arbre de mestre est vertical et le modeste arbre de méjane est penché vers l'arrière ; au niveau de la proue, une flèche supporte un bâton de foc appelé batelot. Sur chaque bord, des ouvertures sont percées en arrière des dix premiers sabords pour pouvoir utiliser des grands avirons utiles au bâtiment par temps calme ou pour la manoeuvre dans les ports. L'une des caractéristiques des lignes d'un Chébec est bien sûr la finesse et l'extrême élégance du navire grâce à une étrave très pincée, et une importante tonture. La proue présente un bout-dehors qui n'est pas loin de l'horizontale, alors que la poupe est fortement relevée et se termine par une vaste plate-forme à caillebotis encadrée par des ailes remarquablement fines. C'est dans la partie arrière du navire que le raffinement de la décoration prend toute son ampleur sous forme de nombreuses peintures et sculptures.

Si à l'origine les Chébecs sont équipés traditionnellement de trois très grandes voiles latines et d'un foc, de nombreuses transformations de leur gréement verront le jour : il pourra devenir carré pour l'arbre de trinquet, voire même pour l'arbre de mestre et enfin pour celui de méjane.