Olivier Bello
Modéliste d'arsenal


L'Aurore dans son contexte historique

Si l'on considère l'ensemble de l'histoire le la traite négrière, la deuxième moitié du XVIIIème siècle se révèle particulièrement importante par l'intensité du trafic effectué. Alors que les Portugais obtenaient environ 5 000 esclaves par an de l'Angola en 1710, la période qui nous intéresse donne un chiffre global d'individus déportés estimé à 60 000 en moyenne annuelle.

Les principaux ports français concernés par la traite sont Nantes et Bordeaux, mais aussi Le Havre et La Rochelle. Ils sont en concurrence avec les Portugais, les Hollandais et surtout les Anglais. On estime qu'à cette époque, plus de 10 000 personnes vivent directement en France de la traite, avec bien sûr de nombreuses conséquences sur l'activité économique en général.

L'intérêt de ces voyages appelés triangulaires réside dans le fait que le navire ne se déplace jamais sans cargaison : en premier lieu, il emporte de la marchandise (verroterie, tissus, eau de vie, etc...) pour l'offrir aux rois africains concernés par la vente des esclaves, ensuite les hommes sont emmenés dans les îles d'Amérique, et pour le retour, on charge le bâtiment de coton et de nombreuses denrées des colonies : café, sucre, cacao, etc...

En fonction des saisons, deux routes principales sont utilisées pour se rendre sur les côtes africaines : la grande qui descend jusqu'au Brésil via le Cap Vert et traverse ensuite l'océan, et la petite qui oblique à l'est en suivant le littoral de la Guinée. Les durées respectives de ces deux itinéraires sont en moyenne de 110 et 60 jours.

Après de longues tractations avec les personnalités locales intéressées par la traite, les « pièces d'Inde » sont marquées puis embarquées sur le négrier où elles sont entravées avec des fers. Le navire peut attendre plus de six mois avant d'appareiller, le temps de permettre au capitaine de terminer la traite.

La traversée vers Les Antilles prendra de 2 à 3 mois en fonction de la taille du bateau et du nombre de captifs embarqués. Ceux-ci ne prendront le nom d'esclaves que lorsqu'ils auront été vendus dans les îles. Ce voyage est effectué dans des conditions terribles de promiscuité, d'hygiène et de maladie, de 10 à 15% des captifs y perdront la vie.

Quand le navire est parvenu dans les îles, on essaye de ne pas trop tarder pour commencer la vente, de peur d'avoir à supporter de nouvelles pertes. Après les transformations nécessaires, on entame alors le chargement du négrier pour son retour vers l'Europe qui va durer entre 2 et 3 mois. Arrivé à bon port, sa cargaison doit être contrôlée par les commis de la Ferme avant d'être vendue aux différents commerçants.

Le navire négrier est ainsi libre de commencer ses préparatifs en vue d'une nouvelle campagne de traite...

Ce sont ainsi environ 15 000 000 de personnes qui subirent ce sort peu enviable.